PORTRAIT DE TEUFEUR #1 - L'ORIGINE
La culture sound-system

Ce focus est le premier d'une série qui va vous embarquer dans la culture et l'histoire des sound-systems … De la Jamaïque à la France, en passant par le Royaume-Uni, nous partons à la rencontre des pionniers de la free party.

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Peut-on encore trouver de réelles ressemblances entre le traveller amateur de free-parties et le cadre supérieur qui, le samedi à 22h, hésite entre les derniers clubs techno parisiens à la mode ? Il semble que concernant la fête, une rupture soit visible entre pratiques commerciales classiques et pratiques communautaires obliques. Historiquement, cette rupture semble se justifier, et un détour vers la culture sound-system apparaît comme nécessaire.

La culture sound-system émerge dans les années 50 en Jamaïque et revêt, à bien des égards, un aspect subversif. Se munir d’un sound-system, c'est s'équiper d'enceintes, d'amplis, d'une platine vinyle et de disques ; en bref, d'une sono que l'on branche le plus souvent aux lampadaires de la ville. Dans une certaine mesure, c’est faire le choix de partager de la musique avec les voisins et le village et de faire circuler des idées, d'autant plus que peu à peu, les sound-systems créent leurs propres disques et se chargent d’une dimension politique et largement populaire : entre les morceaux, on débat sur l’actualité, on s’exprime sur des problématiques sociales.

Avec la prise d’indépendance de la Jamaïque en 1962, cette culture s'exporte en Angleterre — on pourra aussi choisir de parler, plus exactement, de l'export d'une contre-culture, c’est-à-dire d’un ensemble de manifestations culturelles s’opposant à la culture dominante. Faisant désormais partie du paysage underground britannique et encouragée par le succès de Bob Marley et de la musique punk, la culture sound-system réunit, au fil des années, un nouveau public. 

On inaugure les premières soirées ouvertes et sonorisées par des sound-systems mais ceux-ci demeurent encore un outil de résistance, notamment lorsque Margaret Thatcher, ancienne Première Ministre du Royaume-Uni, annonce la fermeture de tous les clubs britanniques à 2h du matin. C’est l’époque des premières free-parties, initiées par la volonté de trouver des contre-espaces, éphémères, imprévisibles et cathartiques. Les free-parties deviennent de facto indissociables d’une certaine idéologie libertaire : on se réunit dans les usines désaffectées des régions désindustrialisées, ou dans les campagnes des régions agricoles du pays. Pour ne parler ici que des sound-systems techno, on remarque dans ces années un certain alignement sur le modèle des sound-systems punk qui dénonçaient la commercialisation de leur propre mouvement lors de l’organisation de grands festivals payants.

Quatre ans plus tard, le pouvoir anglais en vient même à interdire tout rassemblement festif associé à une « musique répétitive », ce qui pousse certains sound-systems anglais à partir en France. En France, les jeunes semblent se passer le « relais » de la techno de groupes sociaux en groupes sociaux. S’opère alors une distinction entre les raves, soirées payantes et planifiées en amont, et ces free-parties, soirées cachées et donc plus difficiles à réprimer — distinction d’autant plus forte que les rassemblements légaux et illégaux ne se dotent ni de la même dimension politique, ni du même potentiel culturel.

Pourrait-on alors tenter de dresser deux portraits radicalement différents du teufeur ? Cette tentative ne serait-elle pas vaine, et un brin réductrice, tant son visage est multiple et sa construction plurielle ? 


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